En période d’élections « midterms » américaines, le poète-violoniste Andrew Bird fait son retour en dénonçant le climat politique actuel. Bloodless parle d’une « guerre incivile » n’ayant pour l’instant pas abouti à un bain de sang. Une critique assez classique du système économique et politique mondial, le capitalisme, mais faite avec un subtil mélange de crainte et de rancœur.
Musicalement Andrew Bird signe avec Bloodless une de ses meilleures chansons, une des plus « habitées » en tout cas. Sa voix de velours, bien mise en avant, est empreinte de ce fameux mix aigre-doux, entre contestation et mesure, sur fond de jazz mélancolique et soulful à souhait. Le refrain chanté en chœur amène la lumière, l’optimisme de rigueur.
Le mieux placé pour parler de sa vision des choses, ça reste encore Andrew Bird lui-même :
Nous nous trouvons dans une guerre froide civile. Tout le monde joue son rôle trop bien. Certains acteurs sont en train de récolter le pouvoir et la richesse par la division. Des échos de la guerre civile espagnole, quand les fascistes et le clergé gagnaient car ils avaient créé un front uni contre la gauche individualiste et pleine de principes (mais éparpillée). Nous pouvons renverser la vapeur, mais nous devons faire un pas en arrière et être honnête avec nous-mêmes à propos de ce qu’il se passe en ce moment, tant que c’est relativement sans grave conséquence.
C’est sûr que c’est pas la chanson que vous entendrez quand on ira mettre des têtes sur des piques lors de la prochaine révolution, mais j’espère qu’on lui trouvera une place d’ici là pour réchauffer nos cœurs meurtris.