Souvenez-vous, il y a de cela 6 ans, je faisais le constat amer du naufrage artistique de Calvin Harris. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, du sang dans nos oreilles aussi, au point que l’écossais est devenu l’année dernière le DJ le plus riche au monde et s’est farci (au sens propre) du Ellie Goulding ou Taylor Swift.
Pourtant, cette année, en juin pour être précis, notre EDM-hero au carnet d’adresses aussi rempli que son PEL, a donc décidé de faire quelque chose de bien. Quelque chose qu’il n’avait plus fait depuis au moins cinq ans. De la MUSIQUE.
Funk Wav Bounces, retour au groove
En outre, en créant une jolie tape funky en diable : la bien nommée Funk Wav Bounces Vol.1. On retrouve (enfin) le groove dont notre Calvin avait fait étalage sur sa pièce maîtresse I Created Disco, cette véritable science du remuage de popotin. Et quel plaisir de réentendre toutes ces sonorités cheap et rétro ! Il réussit à couvrir en 10 titres grosso modo une bonne partie du spectre funk, s’octroyant même un passage G-Funk (Holiday) et un autre aux effluves ska (Feels).
Le clavier dopé de Cash Out, cette basse sortie tout droit des années 80 sur Feels, l’ambiance smooth de Hard To Love, les claps en écho de Slide… On redécouvre ce que le bougre rouquin est capable de sortir quand il est dans un bon jour. Et on ne peut s’empêcher de repenser à ces glorieuses premières heures, celles où il claquait tube sur tube avec nonchalance. Comme si tu composais un crossover entre Kraftwerk et Earth Wind & Fire en te grattant les couilles.
Casting bling bling
Pour couronner le tout, il a kidnappé une palanquée d’invités de luxe : Pharrell Williams, Nicki Minaj, Migos, John Legend, Katy Perry, Schoolboy Q, Future, Frank Ocean, A-Trak… Le gratin du mainstream donc, mais utilisé à bon escient.
Il fait par exemple rapper les gars de Migos en mode balbutiement du hip-hop sur une prod disco bondissante, avec la soul de Frank Ocean sur le refrain de Slide. Pharrell Williams est à la fois au refrain sur Heatstroke avec Ariana Grande et au couplet sur Feels, et ça fonctionne encore. La cerise sur le gâteau ? Snoop Dog, Snoop Doggy Dog qui rappe sur une prod G-Funk en 2017. Plaisir.
Un kif de superstar, en forme d’hommage
Evidemment, on parle d’un gros album de collab’ de poids lourds de l’industrie musicale. Donc tout est calibré pour faire danser autour d’une piscine avec du champagne, ne vous attendez pas à de la funk inspirée ou un groove extra-terrestre. Des morceaux comme le reggaeton Skrt On Me ou le Faking It en mode pop/r&b rappellent qu’on n’est ni plus ni moins sur un album de major.
Ce volume 1 de ces « Funk Wav Bounces » ressemble plus à un kiff de Calvin Harris, souhaitant faire un petit clin d’oeil à la funk et retrouver le son de ses débuts, tout en ne tournant pas le dos à son statut. Alors sachant la température actuelle et le peu d’exigence que l’on a à cette période de l’année, on va pas faire les fines bouches et remuer son putain de boule.